Raéction à chaud : RAMMSTEIN

Ça y est, le septième album de Rammstein pointe le bout de son nez. Découvert ce matin, voilà un petit recap, à chaud de ce que j’ai retenu de cet opus.

On reviendra sur l’aspect minimaliste de la couverture un peu plus tard.

Écoute track by track

#1 – DEUTSCHLAND

L’album s’ouvre sur DEUSTSCHLAND, très efficace, que j’ai beaucoup aimé personnellement. C’est du Rammstein, et loin d’être déconnant, sur plusieurs points :


Musicalement, avec un retour sur le Rammstein précis et efficace qu’il a toujours été, une structure claire, lourde et précise. Une intro en buildup, suivie aggrémentée d’un boudon mélodique à la guitare, c’est simple, ça tape fort.

Au niveau des paroles, avec une très bonne représentation de la relation amour/haine que le groupe entretien avec son pays d’origine et son histoire. Allemagne personnifiée dans le clip à travers Germania, spectatrice ou actrice de toutes les scènes marquantes de l’histoire allemande et dans les paroles, car Till s’adresse directement (« Du », à l’Allemagne) à elle.

Au niveau des références, avec sur ce morceau d’intro des références directes à des gimmicks de chansons telles que Du hast, Mein Herz Brennt, …

#2 – RADIO

J’avais déjà réagi à chaud sur RADIO, et après plusieurs discussions et écoutes, j’ai pu revoir légèrement ma copie. Globalement on reste dans l’histoire et la mélancolie. Ça saute aux oreilles dès les premières notes de synthé qui réfèrent directement à Kraftwerk, groupe précurseur de la musique électronique et de la New Wave.

En écoutant les paroles, on est sur une mémoire d’une période que tout le groupe a connu, la vie en Allemagne de l’Est. Et c’est cette radio qui leur permettait, en captant des fréquences émises par le bloc occidental de faire sauter les censures appliquées par le contrôle des médias du côté soviétique du mur. La chanson transcrit l’état que pouvait procurer cette ouverture au monde, aussi limitée soit-elle, de pouvoir écouter des nouvelles différentes, d’entendre de nouveaux sons, que ceux avec lesquels tu as été obligé de grandir.

#3 – ZEIGT DICH

Ce son, bordel. On commence à taper dans le lourdissime, avec une intro chantée en latin, qui donne directement un aspect épique à ce qui va suivre, nous fait plonger dans un moyen-âge dur et malodorant. Tout tend à confirmer le côté historique de l’opus.

Tout les 4 premiers temps entre un nouvel instrument, d’abord la guitare dissonante, avec des accords augmentés, puis une batterie, cadencée, et puis tout explose à l’arrivée de la basse.

Le refrain, « zeigt dich », signifie « révèle toi » ou « sors de l’ombre », semble encore une fois directement adressé à une Allemagne, puissante, mais qui reste prisonnière d’une force supérieure qu’elle s’impose, la religion.

Les couplets, qui sont construits sur la répétition du préfixe « ver-« , sont tranchés et les paroles parlent de la toute puissance de la religion dans cette époque, et de fait ces travers. on interdit, on impose un diktat, une manière de vivre, de penser, en promettant des lendemains meilleurs.

Ce morceau, on peut le lier directement à la partie Saint-Empire de l’histoire allemande, cette partie de l’Histoire où l’Empire s’étend, et est une puissance très (si ce n’est la plus) importante du monde à cet époque. On peut aussi voir une référence, en terme de puissance épique, à l‘oeuvre de Wagner « L’anneau de Nibelung », qui traite de la mythologie autour de Siegfried, et des poèmes épiques, ancrés dans une époque médiévale.

Germania, dans le clip de DEUTSCHLAND, en armure dorée, illustre bien ZEIGT DICH
#4 – AUSLÄNDER

Bon, j’annonce, j’ai été super décu par ce son. J’attendais beaucoup, rien qu’en découvrant le titre signifiant « Étranger » de voir ce que l’on pourrait en ressortir.

Une intro sur une phrase un peu catchy qui aurait pu directement sortir d’un morceau d’Eurodance, renforcée par une structure rythmique classique chez Rammstein, mouais. Quasi pas d’instru sur les couplet si e n’est une nappe de synthé assez planante. Le prérefrain, avec une guitare très légèrement saturée, qui glisse sur un refrain platissime. Le seul point intéressant de cette chanson (musicalement parlant, j’entends) est dans les prérefrains qui amènent une petite forme de violence. C’est tout.

Niveau paroles la chanson parle d’un globe-trotter qui voit dans son statut d’étranger, une chance de s’envoyer des inconnues locales. Le tout dans des textes cousues de métaphores de combat, seule justification de placer ce morceau après Zeigt Dich.

J’ai peut-être pas bien saisi l’interêt du morceau dans ce cadre là. Mais je pense que je m’attendais à une chanson plus profonde, qui traite du sentiment d’être étranger, plus particulièrement allemand, dans le monde, après les guerres et les souvenirs marqués de différents pays, ou de la confrontation à la fermeture totale de certains esprits. Il n’en reste qu’à mon sens on est sur une pastille légère, qui parle à demi-mot de cul, ça casse pas trois pattes à un canard, mais ça a le mérite de faire une transition toute belle pour la chanson suivante…

Toujours extrait du clip de DEUTSCHLAND, c’est le visuel que j’aurais choisi pour illustrer AUSLÄNDER, sur l’apect de la violence / du combat qu’évoque le personnage principal.
#5 – SEX

On retourne sur une thématique chère à Rammstein, le cul. Un texte qui tourne sur les pulsions d’un Till plus épicurien que jamais, il arrive quand même à placer un « Wir leben nur einmal« , le YOLO allemand.

En transparence on peut sentir un chanteur un peu partagé sur ses propres pulsions, avec des termes de dégoût et une présence à chaque refrain de la figure de sirène qui utilisaient l’envie des marins pour les noyer.

Musicalement on sent une pâte très rock’n’roll avec un thème assez cliché, joué sur une guitare pas trop saturée (on parle quand même de Rammstein). Perso ça m’a fait penser au premier opus d’Emigrate (le side project de Richard Kruspe) qui avait dans ses sons opéré un grand retour à une musique moins industrielle, plus tournée vers les origines.

Pensée en passant : Sur les deux dernières chansons on est sur la même thématique, et à ce moment de l’écoute, j’en arrive à penser que c’est une sorte de développement, un focus, sur la période historique moyen-âgeuse qu’on nous a servi avec l’intro Deutschland/Zeigt Dich.

#6 – PUPPE

Puppe est un morceau particulier, qui sort directement d’un poème qu’avait publié Till Lindemann en 2013 dans un recueil « In stillen Nächten ». Le poème d’origine raconte l’histoire d’un garçon seul pendant que sa mère se prostitue dans la chambre d’à côté. Il n’a pour seule compagnie qu’une poupée.

La chanson est un peu modifiée du poème d’origine avec la mère qui est désormais sa soeur. Trois sujets sont latents à travers les paroles : la prostitution, l’isolement et la folie. Comme on peut s’y attendre, on est dans une ambiance sordide mêlée de folie latente. C’est loin d’être léger.

Musicalement, ce morceau est puissant, et sa cohérence est le point le plus fort que je tenais à souligner. Une mélodie à la guitare étouffée, un poil effrayant, sur un chant lancinant. Coupé par un refrain aussi violent que les sanglots de voix de Till. Il raconte arracher la tête de sa poupée, mord son cou, pour extérioriser son malaise. Il y a une vraie cohérence entre les paroles et la musique qui porte ce poème adapté. On retombe sur des sonorités dissonantes en dernier tiers de chanson marquant la folie dans laquelle le chanteur. On passe des premiers refrains ou torturer sa poupée lui « fait du mal« , rapport au fait qu’il n’accepte pas sa situation. Le dernier tiers ce mal est remplacé par du bien, signe qu’il a accepté son état de folie.

L’écoute de PUPPE avec les paroles sous le nez m’a fait un peu ressentir comme quand j’ai découvert le sens de Spieluhr : MAL À L’AISE. Mais en sachant que c’est un peu le but de la chanson, on peut dire qu’elle fait le boulot. Largement.

On pourrait voir cette chanson comme le film The Machinist ou le personnage sombre dans une folie de plus en plus profonde. Ou bien la dernière saison de Game Of Thrones, ça marcherait aussi.
#7 – WAS ICH LIEBE

Encore une autre chanson extraite d’un poème de Lindemann, apparemment. Je n’ai pas réussi à trouver lequel. Soit.

Encore une chanson dont les paroles sont très centrées sur Till, c’est assez personnel et parle (encore) du paradoxe entre l’amour et la haine. Il déteste adorer. Le morceau commence sur une rythmique très ronde, agrémentée d’arpèges assez brillants. Le tout devient de plus en plus grave avec l’arrivée de la basse. Le prérefrain est une montée vers un refrain plutôt nihiliste : « Tout ce que j’aime, je le gâche, tout ce que j’aime va mourir« .

Je suis personnellement pas fan du délire évoqué dans la chanson, mais doit avouer que j’ai beaucoup aimé le côté chaotique de cette chanson, qui encore une fois et très cohérent avec le thème abordé.

Nietzsche approves this song.
#8 – DIAMANT

Toujours dans un délire assez personnel, on tombe sur DIAMANT, une chanson sur l’amour impossible, auquel on doit mettre fin pour le bien de tous. Une ouverture sur la fascination que Till a pour cette personne.

Ensuite vient le constat du fait qu’il faille se séparer. Le deuxième couplet s’accompagne d’un bourdon de guitare électrique en fond, appuyant le côté douloureux de l’affaire, un poil dérangeant.

Enfin un troisème et dernier couplet qui va sur la résolution, l’acceptation que cette histoire est terminée, et que le diamant fascinant auquel Till était si accroché n’est aujourd’hui qu’une simple pierre à ses yeux.

Cette chanson marque la fin de la parenthèse poètique de l’album. On va pouvoir repasser aux choses sérieuses. Ou pas.

#9 – WEIT WEG

La chanson suivante, je dois admettre avoir eu beaucoup de mal à l’interpréter. Dans le contexte de l’album elle pourrait se placer comme une ode à un surhomme. Till fait une description assez puissante d’une entité qu’il ne nomme jamais, qui semble être maître de beaucoup de choses, mais dont il faut également se protéger et fuir. On pourrait y voir un héros siegfriedien ou une symbolique de la dépression, car le morceau se termine sur un « Weil es immer dunkel ist wenn der Mond die Sterne küsst » « Car il fait toujours sombre quand la lune embrasse les étoiles« .

Musicallement rien ne m’a choqué, le synthé au ton très années 80, on a encore du basique pour le reste, avec un sentiment de puissance trés appuyé par le groupe. J’ai pas spécialement accroché le son. Soit.

#10 – TATOO

Si je m’attendais à cette chanson ! Merde ! Une chanson sur le tatouage. Les paroles sont plates, à part sortir un flot de banalités sur le tatouage en général. Oui, ça reste toute la vie. Oui, c’est un acte plutôt engageant. De là à sortir « Si je te tatoue ton nom sur moi et qu’on se sépare, je vais devoir trouver quelqu’un qui a le même nom » faut peut être arrêter de déconner. Et non c’est pas une blague, c’est textuellement ce qui est dit dans le dernier pont (juste avant le dernier refrain).

On va essayer de se raccrocher à la musique, parce que là niveau parole, on peut dire qu’on a définitivement tourné la page (lol) du Lindemann poète. Une instru dans la veine de Wollt Ihr Das Bett in Flammen Sehen. Très efficace encore.
Le refrain est tout mignon, avec un big up pour la double pédale de la batterie sur tout le refrain, peut être le truc le plus pertinent de la chanson.

On est pas sur mon Rammstein préféré sur le coup. à ce stade de l’écoute je suis plutôt déçu de l’acte manqué. J’attendais un opus épique et fort, et finalement je me retrouve avec des sons aussi fragiles que l’allumette qui sert de pochette à l’album. Pitié, faites que la dernière soit un feu d’artifice.

J’espère que William s’est gourré sur le coup. Genre sincèrement.
#11 – HALLOMAN

Awkward. Dérangeant. Pour le coup c’est les premiers mots qui me sont venus en tête. Till parle d’une fille qui symbolise la fragilité qui pourrait contraster un peu avec le surhomme que l’on a vu dans Weit Weg, après toutes les chansons de l’album je bute sur la dernière bordel. Je n’arrive pas à l’apprécier, pourtant elle n’a pas de choses particulièrement dérangeantes que ce soit au niveau de la musique ou des paroles. Mais juste … Blocage. J’ai pas pu.

Bilan

C’est long. C’est très long. J’ai été hypé sur les singles, et le début de l’album. Puis petit coup de mou. Touché par les poèmes mis en musique, tout est plutôt juste. Mais en fin d’écoute une déception sur trop de choses différentes.

Si je devais grouper les chansons de l’album on partirait sur :

  • Deutschland, Radio, Zeigt Dich, Weit Weg et Hallomann pour leur côté épique, historique. J’adore.
  • Puppe, Was Ich Liebe et Diamant, pour l’aspect personnel et sensible et la justesse de ces thèmes avec la musique
  • Ausländer, Sex et Tatoo parce que j’arrive pas à les mettre ailleurs et sont vides de tout intérêt, selon moi.

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